Une approche contextuelle de l’analyse de 'on'
SOMMAIRE
INTRODUCTIONНАРITRE
I.
ÉTUDE
GRAMMATICALE DU PRONOM «ON»
.1 Définitions
et cas particuliers
.2 Classifications
grammaticales II. ÉTUDE
SÉMANTIQUE DU PRONOM
«ON»
.1 Descriptions sémantiques
du pronom «on»
.2 Une approche contextuelle de
l’analyse de « on»
INTRODUCTION
Ce mémoire
de fin d’études
est consacré
à
l’étude des fonctions
grammaticales et sémantiques
du pronom indéfini
«on» . de commencer la recherche sur le pronom «on» il faut tout d’abord répondre
à
la question qu’est-ce que c’est le pronom indéfini
«on» ?
On (du latin <#"729897.files/image001.gif">
Dans ce tableau, nous avons inclus
les sèmes génériques
et les sèmes
spécifiques des éléments
de l’ensemble [ON, JE, NOUS]. Pour illustration, regardons les exemples
suivants :
.Je suis parti vs.
.On est partices
exemples, on observe que le trait générique
/-genre/ est actualisé
pour JE et ON. En revanche, il nous semble que le trait /+locuteur/ à
ON serait neutralisé
dans ce contexte d’opposition avec JE. Par contre, si on avait posé
l’opposition suivante, il y aura eu actualisation du trait /locuteur/ pour ON :
.On est parti
vs.
.Les gens sont partisque dans
ce tableau nous n’avons retenu que les traits inhérents,
d’autres traits pourraient être
réalisés
selon le contexte. En effet, le paradigme des pronoms personnels de la première
personne est fortement conditionné
par la situation discursive, notamment par les contraintes de genre discursif.
Les membres de ce paradigme contribuent tous à
des fonctions discursives très
importantes, susceptibles d’influencer leurs valeurs : la représentation
de MOI et de l’AUTRE, ainsi que les relations entre eux, notamment la solidarité,
la politesse et la communication. Selon nous, ces facteurs doivent être
pris en compte dans l’analyse sémantique
de ON.
Le paradigme des pronoms indéfinis
Le paradigme des pronoms indéfinis
étant
très hétérogène,
il nous semble difficile d’identifier des tendances univoques en ce qui
concerne son influence sur l’interprétation
de ON. En tout cas, il nous semble plus compliqué
d’établir des régularités
dans l’interaction des membres de ce paradigme que dans celui des pronoms
personnels de la première
personne. Par conséquent,
nous nous bornerons à
l’exemple de quelqu’un. Les exemples (5) et (6) montrent les affinités
entre ON et quelqu’un :
.On a sonné
.Quelqu’un a sonnéexemples
permettent d’identifier le sème
générique
de ce paradigme, /indéfini/.
L’exemple (6a) montre la réalisation
du sème spécifique
/personnel/ par la modification du contexte :
a. On a sonné
trois fois, puis on est partisrelation
d’opposition avec les membres du paradigme des pronoms indéfinis
est pertinente pour l’interprétation
de ON dans des contextes caractérisés
par la référence
aux autres et par la non volonté
d’identifier l’agent ou la source de l’information. Ainsi, c’est la valeur indéfinie
de ON qui est mise en jeu dans sa relation avec les membres de ce paradigme et
c’est le trait /personnel/ qui constitue le trait distinctif de ON.
Le paradigmes des constructions
passives
.On a arrêté
les hommes
.Les hommes ont été
arrêtésles
deux cas, il y a une thématisation
du fait que les hommes ont été
arrêtés,
l’identité
de l’agent étant
considérée
moins pertinente.
Le paradigme [ON, ÇA]
Finalement, le paradigme [ON, ÇA]
est caractérisé
par les sèmes
génériques
/indéfini/ et /déictique/
et le sème
spécifique de ON,
/humain/. L’importance de ce paradigme est liée
au fait qu’il rend explicite l’opposition entre l’humain et le non humain, qui
constitue à
notre avis un aspect important de la sémantique
de ON. L’emploi de ÇA
dans l’extrait suivant montre très
bien l’effet discursif du jeu pronominal et des sèmes
inhérents et
contextuellement définis
:
.« Et puis j’ai remarqué
l’été
dernier que la plage publique accolée
à
la Voile Rouge ne désemplissait
pas. Ça sunbathait là,
comme si de rien n’était,
et quand une Porche passait, même
une banale Boxster (entre nous surnommée
la Porsche du pauvre à
cause de son prix qui n’excède
pas les trois cent mille), c’était
l’effervescence, ça
en perdait son bob, ça
lâchait son panini ou
son beignet, ça
coupait son walkman, les bras vous en tombaient, vous n’arriviez plus à
respirer et vos oh et vos ah couvrait le bruit du moteur ... » .’abord, on
remarque l’interaction des pronoms se référant
à
l’ensemble référentiel
incluant le locuteur (JE, NOUS) et celui des autres (ÇA,
VOUS). La distanciation entre les deux est intensifiée
par l’emploi de ÇA,
impliquant une déshumanisation
de l’autre. L’emploi de ON au lieu de ÇA
(on sunbathait là
vs. ça sunbathait là)
crée un effet de
distanciation, mais beaucoup moins forte que l’emploi de ÇA.effets
textuels du remplacement de ON par ÇA
indique selon nous qu’il y a une opposition sémantique
fondamentale en jeu, à
savoir celle entre l’humain et le non humain. Cette opposition permet de mettre
en lumière
le fait que le sème
/humain/ constitue un sème
inaliénable du pronom ON.
Contamination sémantique.
Les relations entre ON et les
paradigmes dont ce pronom fait partie contribuent à
un processus que nous appellerons contamination sémantique.
Par cette notion, nous entendons un processus où
le contenu sémantique
de ON est influencé
par la sémantique
d’autres éléments
des paradigmes dont ce pronom fait partie. Il nous semble que ce processus dépend
de la récurrence
des paradigmes déterminés
dans des contextes déterminés.
Ainsi, la contamination sémantique
pourra être
définie comme la
stabilisation d’une valeur de ON dans des contextes précis,
conditionnée
par les éléments
paradigmatiques susceptibles d’être
employés dans les mêmes
contextes.concurrence sémantique
entre ON et NOUS est un exemple intéressant
phénomène
de contamination sémantique.
Dans le français
contemporain, il semble en effet que ON soit en train de remplacer NOUS comme
la forme non marquée
du pluriel de la première
personne, au moins dans des genres informels. Selon J. Rey- Debove, nous
assistons à
un processus de contamination sémantique
de ON par NOUS, phénomène
qu’elle décrit
ainsi :
«1. on tend au remplacement massif
de nous, dont il menace l’existence à
long terme.
. on= nous efface progressivement
l’emploi vraiment « indéfini»
de on [...] » ’il s’agit là
d’une hypothèse
assez radicale, il semble néanmoins
probable qu’il y ait une influence sémantique
entre ces deux pronoms, et que cette influence puisse apporter des changements
dans le contenu sémantique
de ON à long terme., il
faut qu’elle se généralise
à
travers un nombre important de genres, avant que l’on puisse conclure sur cette
question.son côté,
P. Attal propose que la contamination sémantique
aille également dans
l’autre sens. Selon lui, il y a un phénomène
de contamination sémantique
de NOUS par le contenu indéfini
de ON :«c’est l’association de nous avec on qui nous fait dire que le pronom de
la première
personne est une forme d’impersonnel ; nous ne connaît
bien sûr aucune des
restrictions d’emploi de ON ; par conséquent,
il est impossible de décider
objectivement quand on a affaire à
un nous personnel et quand il s’agit d’un nous impersonnel.».nous, cette hypothèse
soulève des doutes, vu
l’emploi de ON dans le français
contemporain, où
ON est le plus souvent employé
comme un pronom personnel incluant le locuteur, correspondant à
NOUS. Cependant, ces propos ont le mérite
de remarquer le caractère
indéfini du pronom
NOUS, un fait qui nous semble parfois sous-estimé.énonciatif.
Le
potentiel référentiel
de ON implique une grande complexité
quant au statut énonciatif.
Il est bien connu qu’à
la différence
d’autres pronoms personnels, ON n’a pas un statut énonciatif
inhérent, et qu’il doit
être
interprété
à
partir de chaque occurrence. Selon F. Atlani :« alors que c’est la forme même
des pronoms personnels qui permet de comprendre la place des locuteurs dans le
procès d’énonciation,
c’est l’interprétation
de « on » qui permet de lui attribuer tel ou tel statut énonciatif.
» .peut se référer
à
la paire interlocutive aussi bien qu’à
l’Autre de la situation d’énonciation.
Son potentiel d’articuler la relation de MOI à
l’Autre semble constituer une des spécificités
de ce pronom. Comme le remarque Détrie:
« On, contrairement à
nous, permet de passer insensiblement de je + non - je à
non-je seul, en un effacement graduel de la subjectivité
liée au je ».